Aghion Claude, un soir de 2004

 

 

 

 

Catherine, la magie et l'amour

 

 

La scène se passe à Noël, le soir du réveillon. Catherine (Madmoiselle X ) marche très vite sur le "Boulevard Bondé", sans regarder personne. Il est déjà tard et il fait presque nuit (18 heures à sa montre). Elle a froid et il y a trop de monde. Alors elle veut acheter ses cadeaux et rentrer à la maison.

Elle s'isole un peu de la foule en pensant à elle (en ce moment, cela arrive souvent).

 

 

Introduction

Ces temps-ci en effet, Catherine X. désirait rencontrer quelqu'un... et elle se disait :

"Pas une perle rare, ce n'est pas ce que je recherche. Et en plus une perle rare c'est démodé et surtout ça n'existe pas !"

Et elle ne trouvait personne qui l'accrochait vraiment... ("tous les mecs sont pareils, mais quand même. Il y en a bien un qui tranche sur les autres !")

 

 

 

Le désir...

Elle ne trouvait personne qu'elle pourrait aimer, parce qu'en fait elle se disait aussi (mais en dedans d'elle-même cette fois) :

"d'abord, c'est la perle rare que je veux ! Un homme, un vrai. Grand. Un mètre et 99 centimes c'est bien (mais pas plus parce que sinon je verrais pas sa tête). Beau (très beau même, très très beau. Et puis fort et baraqué. Mince (pas maigre ! comme il faut quoi). Et un peu fragile (le côté humain en plus, c'est le bonus. Juste le bon dosage et doux et sympa avec moi).

Un homme sur lequel je pourrais m'appuyer et qui me protègerait (je suis si fragile - sauf si on m'embête !) Ce serait pour la vie (moi je cherche pas les aventures, d'ailleurs j'en ai eu assez comme ça. Pour ce que ça m'a rapporté !) Et surtout quelqu'un qui aurait besoin de moi (il saurait reconnaître mes qualités cachées).

 

Un homme, un vrai donc, mais pas macho surtout (je souligne au crayon rouge).

Avec un côté enfant (sinon c'est une brute et moi j'aimerais pas être battue, je suis pas faite pour ça). Il serait un peu timide (mais pas trop, oh juste juste une petite touche comme ça), d'ailleurs il serait touchant (et même bouleversant).

Il serait nature (un peu une force de la nature (ça se voit dans les yeux), viril un peu partout, mais attention, pas King Kong ! ce que j'appelle un homme, pas un éléphant !)

Très élégant c'est évident (et propre sur lui). Intellectuel (mais pas l'intello qui vous prend la tête, moi je m'en fous de la théorie de la gravitation !) Il serait, voyons, distingué et discret, sûr de lui mais pas trop (Il me regarderait plutôt que se regarder lui !)  Avec de la répartie (pour les autres ! et avec moi il boirait mes paroles (et je ferais de lui tout ce que je voudrais. Youpie !!)

 

Il me rendrait folle et me amies encore plus que folles (Folles folles à un point...), du fait de son aura et de sa séduction irrésistible. Elles seraient suspendues à ses lèvres (attention c'est une expression !)

Mais il ne s'intéresserait pas du tout à elles, juste à moi (c'est suffisant !)

D'ailleurs je ne lui présenterais jamais mes amies (pour son bien. Les hommes sont tous pareils, ils sont pas comme nous (dommage pour eux et pour nous). Ils retrouvent vite leur côté animal (qu'ils n'ont jamais perdu), ils voient rouge quand ils voient une femelle habillée n'importe comment - Et je ne veux pas qu'il devienne idiot s'il regarde les femmes !

 

Il resterait tout le temps avec moi... et j'arracherais les yeux des imbéciles qui le regarderaient (même de côté, ou pire qui le colleraient. Ah ça ça m'énerve, rien que d'y penser, oh la la !). Mais inutile de t'en faire ma belle,  il serait fou d'amour (pour moi).

Il est entendu qu'il me regarderait tout le temps, ne penserait qu'à moi. Il me téléphonerait toute la journée (parce que la nuit, moi je dors !) et il me dirait que des choses merveilleuses (ça j'aime !) Et puis il souffrirait comme un fou quand je ne serais pas là (enfin faut pas trop exagérer, je ne suis pas la Déesse de l'Amour, quoique.... Mon côté fleur bleue à la mode. Enfin ça fait pas de mal !)

...Mais lui il n'aurait pas le droit d'être collant (Ah ça non je ne le supporterais pas !) En fait il serait tout ce que je veux (en conservant sa liberté, je ne suis pas une tyran. Je tiens à le souligner !)

 

Ainsi, je le laisserais regarder un peu (un tout petit peu) les autres filles, pour qu'elles y croient, puis elles crèveraient de jalousie, parce qu'après je partirais avec lui ! (et tant pis pour elles, elles n'ont qu'à chercher quelqu'un d'autre. A chacune son mec, on se fait pas de cadeau  entre filles !!) Et lui, je le rendrais jaloux aussi (fou de jalousie). Mais sans rien faire, surtout si l'autre mec ne m'intéresse pas...  (C'est vrai, les hommes ont besoin qu'on les rende jaloux, sinon ils nous prennent pas au sérieux).

De son côté, il me laisserait entièrement libre, car il me ferait entièrement confiance  (tout en s'inquiétant un peu quand même). Me faire confiance, ça c'est normal (enfin en général. Ca dépend... Hi hi !)

 

Instruit, il saurait tout sur tout (mais ne la ramènerait pas. Ca c'est encore plus important que tout).

Et même ce qu'il ne saurait pas, il le devinerait (sauf ce que je pense au fond de moi. La discrétion c'est essentiel !)

 

Il serait riche et généreux (mais juste avec moi of course !) Et il me donnerait tout tout sans compter. On vivrait très simplement malgré notre fortune. D'ailleurs il resterait simple malgré son niveau supérieur (... aux mecs de mes copines, tralala !) Et moi aussi je resterais simple (enfin plus ou moins, j'peux pas me cacher quand même).

Et malgré son air supérieur, je le connaîtrais à fond (de toutes les façons, les hommes, c'est facile à comprendre, ils ne comprennent rien. Je connais même tout de lui avant de le connaître, enfin je le devine. Je suis fut fut !) Comme si je l'avais fait (mais attention je serais pas sa mère ! Ah non alors ! Pas comme... je sais plus comment il s'appelait ce type à sa maman. Je suis pas sa mère, merde !

 

 

En gros on partagerait tout. D'abord les tâches ménagères (ces trucs imbéciles). Il ferait sa part de vaisselle, la cuisine et puis le reste (et puis d'abord tout, il ferait tout !)

Ce serait d'ailleurs pour son bien. Ca vous change un homme les tâches ménagères, ça le rend plus intelligent (toutes mes copines vous le diront. Et puis ça compenserait les millénaires où ils se sont fait servir ! Ca c'est pas normal !)

Mais comme il aurait les moyens (et moi aussi du coup), il prendrait une femme de ménage (c'est quand même plus simple... et plus chic ! Rien que pour voir la tête de mes amies. Surtout Babette. Moi je l'appelle diabète. Pour qui qu'elle se prend celle là avec son mari directeur ? I doit pas être marrant au lit s'il travaille tout le temps avec son ordinateur et le serre contre son coeur. Hi hi !)

"Notre" femme de ménage (natürlich), c'est moi qui la choisirais. J'prendrais une vieille !! (je suis pas jalouse ni méfiante, ni rien, mais faut pas prendre de risque. Ca donnerait au moins du boulot à une pauvre vieille femme malade. Les jeunes, les chercheuses de mari, elles ont qu'à travailler ailleurs!)"

 

 

Catherine revient à elle:

"C'est impossible toutes ces histoires que j'me raconte, ça risque même de me faire du mal de m'emballer comme ça. Et pour un mec en plus (et virtuel qui plus est, c'est du n'importe quoi !)

Mais tant pis je continue (et puis j'ai que ça à faire !) Et qu'est-ce que je risque d'abord ? Tout le monde pense, non ?  Alors moi aussi"

 

 

 

... C'est le père Noël...

Tout en construisant le monde, Madmoiselle X heurte un homme barbu ("qu'est-ce qu'ils prennent comme place ces gens là !»)

"Encore un père Noël, le dernier que j'ai vu il était saoul !"

Mais elle s'aperçut qu'elle bavardait avec lui depuis un moment ("J'ai le droit, non ?!")

 

"Très sympa le p’tit père, d'ailleurs plutôt grand quand on regarde bien (tout pesé un mètre et 99 centimes). Une force de la nature (mais pas un éléphant !)  Fort, baraqué (mais mince), avec (ça lui va bien) un côté enfant, timide. Et qui m' regarde de tous ses yeux (il en a plein et ils sont plutôt jolis ma foi).

Quel bel homme, et bien habillé, il sent l'après rasage.... Quelle aisance ! Pas macho pour un sou. Et il a pas l'air de la ramener (ça j'aime).

C'est quoi ces cadeaux qu'il porte sur son dos. Et si c'était pour moi ??

 

 

On s’calme, c'est le Père Noël ! Tu't fais des illusions ma p’tite. Ce mec c'est pas pour toi, j'ai dépassé l'âge (tout en restant jeune et belle comme dit Diabète).

D'ailleurs c'est pas du tout convenable tout ça. Tu't rend compte si 'je ramène à la maison l'Père Noël ! La tête des copines... et de la famille !!!!!)

 

 

Bon et puis alors ? JE suis libre non ? Et si l'homme de ma vie c'était le père Noël et que je le jetais, ce serait bête non ? Et puis qu'est-ce qu'il est séduisant. Ah la la "!!! (Je me demande ce qu'il fait dans la vie ce type, ça fait quoi un père Noël ? (je m'étais jamais posé la question...)

Au fil de la discussion (Madmoiselle X ne savait plus de quoi ils parlaient et si même ils se parlaient). Elle se rendait compte de l'intelligence de cet homme (un vrai homme), qui possédait aussi un humour extraordinaire (même ses jeux riaient à la lumière).

Sa sensibilité, sa délicatesse, sa discrétion (et sa hardiesse) l'emportaient. Loin, loin, loin. "Je suis folle" se dit-elle ("oui, folle de Toi !")

"Du calme Catherine, réfléchissons".

 

 

Elle prit conscience qu'elle n'avait plus froid (ce froid qui vous prend quand vous êtes seul depuis des années, ou que vous êtes malheureux).

"C'est de la magie", s'écrie Catherine, "je pense à un homme extraordinaire et j'en vois un. Quelqu'un m'a-t-il jeté un sort ?  (pas Diabète tout de même ?)  Je pense à un homme que j'aimerais rencontrer, tout en espérant (in petto) l'homme idéal, et je me retrouve devant le Père Noël ! Help !! C'est fou ça, non ?

Je me pince et je sens la douleur. Aï. C'est idiot de se pincer d'ailleurs. Il est là et je suis là et on est là (c'est même ça le problème).

 

 

Réfléchissons, réfléchissons et réfléchissons encore (vite... et bien !)

Même si (je dis bien même si) le Père Noël existait (ou se mettait à exister grâce à moi), cette relation serait impossible.

Monsieur le Curé (et Madame la Maire et toute la famille bidule) feraient un infrarctus s'ils voyaient ça à notre mariage (et moi c'est un mari que je veux, pas une relation à la sauvette comme dit ma mère qui veut épouser son lâche concubin).

 

Le Père Noël et moi ? Un amour impossible voyons !

Il faudrait qu'on vive cachés et on nous pourchasserait (pour nous faire des radios ou je ne sais quoi...) On passerait à la télévision et on pourrait même nous faire un procès (pour faux et usage de faux, et puis je ne suis même pas sûr qu'on puisse épouser le Père Noël, moi je connais pas toutes les lois). Les enfants seraient des petits pères noël (puisqu'ils seraient en principe de leur père) et on serait jamais tranquilles.

On viendrait tout le temps nous demander quelque chose (et des cadeaux !) et puis on aurait que des complications (qu'on peut même pas imaginer...)

Diabète ma copine se foutrait de notre gueule et la famille nous laisserait tomber pour ne pas être embêtée par les journalistes. Il faudrait qu'on fuie dans le désert (et adieu la fortune entre parenthèses). Et puis on s'engueulerait et on ne pourrait même pas divorcer comme tout le monde (surtout en ce moment, tout le monde divorce, bonjour les couples). On serait pauvres, pauvres et malheureux. Vous me voyez vivre dans le désert sans eau ni rien, ou pire avec le Père Noël ? Ca ressemble à une blague. J'en veux pas ! Na !

Je veux pas un Père Noël, je veux que mon mari soit un homme ordinaire et qu'on ait le droit de se marier. ZOU!!!!!!

 

 

 

 

... Et maintenant un petit blond avec des yeux bleus et des lunettes...

"Je rêve, mais je rêve. Le Père Noël s'est transformé !

J'en veux pas de celui-là. Ah j'ai vraiment pas de chance avec les hommes ! Qu'est-ce que je leur ai fait pour mériter ça ? (que du bien ! Houu, que je suis malheureuse...)

Même Diabète n'en voudrait pas (quoiqu'avec sa myopie...) Mais elle ferait une drôle de tête en mettant ses lunettes. Je lui souhaite pas, mais tant qu'à faire si elle pouvait prendre ma place !

 

Il a des petits yeux (forcément il voit rien) et un air méchant (le genre teigneux). En plus il me regarde comme si j'étais une friandise (au secours ! Vas-t-en !)

Le genre petit nerveux. Forcément avec les râteaux qu'il doit prendre tout le temps.

Le pauvre... (mais c'est pas mon affaire, chacun vit sa vie comme je dis toujours).

Il a l'air sorti d'un oeuf, il doit être né comme ça...

 

 

Si au moins il n'avait pas ces lunettes, et qu'il était mieux habillé, et si et si et si... Mais attention, on ne construit pas un homme avec des si !

Je voulais un homme ordinaire moi, mais pas à ce point. Un homme séduisant, beau et grand....

 

Bon je vais pas recommencer, sinon je vais encore avoir droit au Père Noël et j'ai déjà donné. Je joue plus, je joue plus.

Et en plus c'est moi qui l'ai fabriqué avec ma magie. Heureusement que j'ai pas pensé à un dinosaure !!!

 

 

On efface tout et on recommence. Moi la magie ça me fiche le tournis. Pourquoi pas Vercingétorix ou un martien en scaphandre tant qu'on y est !

Allez, je décide que la magie c'est fini. ZOU !!!!!!!!"

 

 

 

 

Conclusion ?

"L'homme que j'aime n'est ni ordinaire ni extraordinaire. Mais il est là et un jour je le verrai sans faire d'acrobatie (et risquer de me casser un talon). C'est tout ce qui compte.

J'attendrai le temps qu'il faudra. Il ne faut pas jouer avec son destin !"

 

 

 

PS :

Aux dernières nouvelles, elle aurait trouvé quelqu'un. Mais chut.....................

("Diabète est folle de jalousie !")