Aghion Claude

Ecrite en l’an deux mille sept, le dix février.

 

 

 

 

 

 


Chère Elise,

 

 

 

Comment t’écrire sans te dire ma passion et mes incertitudes.

Certes mon grand âge, 120 ans bientôt, devrait me donner une assurance parfaite compte tenu de mon expérience et de ma gloire. Cependant non !

Je suis au contraire un adolescent de par mon âme, timide et maladroite, devant toi qui est pleine de vie et d’enthousiasme, sûre comme on l’est quand on ne sait rien encore, rien que notre inexpérience puisse intimider.

Ainsi nous nous complétons par delà le temps et les générations.

 

Si nous étions plus avancés dans notre science balbutiante, je pourrais bien sûr enfourcher ma nouvelle machine à voyager dans le temps, toute flambant neuve et, avec mon corps redevenu un objet de plaisir plutôt que de souffrance, te proposer une valse, que j’appellerais « La Lettre à Elise ».

 

Je dois t’avouer que je ne dispose pas de « machine à voyager dans le temps toute flambant neuve », mais d’une musique magique qui m’a été léguée, qui a traversé toutes les générations et continuera à accompagner les rêves et les désirs de ces êtres appelés à se rencontrer et à se parler - et quelquefois à vivre ensemble.

 

 

Ce soir j’invente pour toi cette valse, que tu accepteras je l’espère d’entendre, à en être émue. Je l’appellerai « La lettre pour Elise » et je te la dédierai bien naturellement à toi mon Elise.

Elle contiendra tout ce que la musique éternelle peut offrir à une femme et elle a la vertu de rendre éternelle celle qui osera se laisser attendrir.

 

Ainsi la musique, la passion, l’éternité, seront plus fortes que les choses matérielles périssables qui ne sont que des illusions.

Accepter comme je l’ai fait d’être sous l’empire de la musique, m’a permis de garder en moi la même passion et te permettra peut-être à toi aussi de garder ta jeunesse et ton esprit, ta réalité au-delà des temps et des générations.

 

Peux-tu comprendre cela et devenir pour toujours celle qui a accepté de recevoir La Lettre à Elise ?

 

 

 

 

Ludwig von Beetoven