Claude Aghion

 ce samedi 3 Mai 2008.

 

 

 

 

M’AIMES-TU ?

 

 

 

- M’aimes-tu ?

 

- Oui bien sûr !

 

 

 

- Oui bien sûr ! Mais m’aimes-tu vraiment ?

 

- Il me semble, oui.

 

 

  

- Par exemple, m’aimerais-tu si j’étais vieille, laide, malade ?

 

- Je le crois, il me semble. Mais veux-tu par là me préparer à une mauvaise nouvelle ? Une affection que tu crains ?

 

 

 

- Pas du tout. Tu dévies les choses comme à ton habitude. Je ne suis ni vieille, ni laide, ni malade. C’est une question de fond, c’est tout ! 

 

- Ben, je crois t’aimer telle que tu es et telle que tu peux devenir. Je t’aime quoi !

 

 

 

- Mais, m’aurais-tu choisi si j’avais au départ ces traits que je t’ai dit ? Qu’est-ce qui me prouve que tu dis vrai quand tu me dis : « Je t’ai choisi comme telle, mais je t’accepterais comme différente » ?

 

- Ecoutes, je ne sais pas moi ! Pour parler vrai, je ne sais pas, je ne sais plus. Je te vois telle que tu es et je ne peux pas t’imaginer telle que tu n’es pas. Tu me poses une question difficile. Et j’ai faim !

 

 

 

 

- Attends ! J’ai fait un mauvais rêve où tu me quittais. Tu m’annonçais cela tranquillement et je ne comprenais rien. Et tu n’expliquais rien !

 

- Je vois bien que tu t’inquiètes. Tu me disputes comme si tu voulais qu’on se dispute. N’oublie pas que le rêve n’est pas la réalité.  Et si tu pensais à des choses agréables ? A ce qui marche, à ce qui est bien ?

 

Pourquoi se poser des questions quand tout va bien !

 

 

 

 

- Eh bien parce que ça ne va pas bien !!

J’arrive à un âge où une femme se pose des questions… Les hommes aussi, mais toi tu ne t’en poses pas. Je me demande si tu n’évites pas de me parler des choses qui fâchent !

 

- Par exemple ?

 

  

 

- Eh bien je ne sais pas. Ca va trop bien !

 

Dans la vie il se passe toujours quelque chose. Quelque chose peut arriver que l’on a pas prévu !

 

 

 

- Par exemple ?

 

- Je ne sais pas moi ! J’aimerais que l’on discute ensemble. Ensemble, tu comprends !

 C’est ce que je disais l’autre jour à ma copine Monique. Elle me disait qu’avec son 1er mari, ils ne se parlaient plus. Alors il l’a laissé !

 

 

 

- Tu racontes nos histoires à ta copine ??

 

- Non ! Oui ! Un peu !

     On parle de tout et de rien. On en a parlé par hasard.  T’es indiscret

Et puis quoi, je raconte ce que je veux à ma copine ! D’abord on se raconte tout. En plus, il n’y a rien à raconter puisque tu ne parles pas… Tu ne parles plus en fait !

 

- Je ne parle plus ?

 

  

- Non !

 

- Alors comment ça se fait que je te parle ?

 

 

 

- Ce n’est pas ça parler. Parler c’est parler !

 

- Alors tu veux que je te dise que je te quitte ? Et que je te dise pourquoi ?


 

 

 

- Te fiche pas de moi en plus ! Voilà je pleure. Snif !

 

- Bon tu es jalouse parce que j’ai fait un compliment sur Monique à son nouveau mari l’autre soir. C’était juste par politesse ! Je la laisse à Robert bien volontiers !

 

 

 

- Ne critique pas Monique. Elle est très bien. Et elle est comme moi ! On a les mêmes idées sur tout, enfin presque !

 

- Bon je m’en fiche de Monique, si tu veux savoir. Et je m’en fiche de toutes les autres femmes !

Toi tu me suffis largement avec ton caractère épouvantable !

 

 

  

- C’est vrai ça ?

 

- Ben oui et tu le sais bien !

 

 

 

- Bon alors c’est bien. T’as faim ?

 

- Oui pas de problème !

 

 

 

- Alors dépêchons-nous avant que ça ne refroidisse !

 

- Attends, moi aussi j’ai une question à te poser !

 

  

 

- On a plus le temps ! Quelle question ?

 

- Tu trouves que j’ai bien parlé à la fin ? Quand j’ai dit que Monique n’était pas intéressante ?

 

 

 

 

- Oui. Oui. Très bien ! Super !

 

- Bon alors c’est bien !!