Claude Aghion

 24 Novem 2002

 Nouvelle   40ème

 

 

 

 

 

 

 

 

Un si jouli bikini

 

 

 

 

 

 

 

Le look

 

 

 

C’est le matin de quatre heures. L’heure glauque des travailleurs du début des temps.

 

Très différent du matin où l’on se fait réveiller pour le plaisir de se rendormir.

 

Le matin sur mesure et le matin à la chaîne.

 

 

 

 

 

 

 

Une foule épaisse de gens qui sont malheureux sans le savoir. Comment pourraient-ils, oseraient-ils, penser à quelque chose ! Aux autres, à la finalité de la vie, à la vie tout simplement…

 

Abrutis par le manque d’argent et la nourriture pourrie, les distractions organisées, la télé en boucle, le vin qui donne mal à la tête, les enfants qui gueulent, la retraite de la poubelle. Et la mort sans nom.

 

Tout cela dans une même drogue.

 

Ils sont intelligents sans le savoir (comment pourraient-ils le savoir ?). Vivants sans l’être, ils existent sans qu’on le leur apprenne.

 

Les lois ne sont pas faites pour eux. Tout manquement est sévèrement puni. Il faut un exemple ! La foule, la masse, la population plutôt que l’individu.

 

Ils ont des lois pour eux tout seuls. La loi pour tous. Quelle chance !

 

 

 

 

 

Il sont l’objet d’intérêt (je veux dire d’intérêts divers…). Car ils rapportent gros. Ils achètent des trucs qui se cassent tout le temps (des machins pas chers, pas garantis, faciles à fabriquer). On ne se fatigue donc pas à les faire jolis.

 

On leur dit bien ce qu’il faut acheter, selon ce qu’il convient de fabriquer pour eux. On leur dit combien ça coûte, et on les bourre de gros crédits (ainsi l’argent leur coûte de l’argent, il fallait y penser). On les fait voter. Et ils ne sont pas embêtants.

 

Grâce à eux, les autres sont riches, beaux, coquins et vivent longtemps.

 

 

 

On a inventé pour eux, en plus des lois, les impôts, la maladie et la mort. Et surtout la politique-religion, les statistiques, le mépris.

 

 

 

Et l’Indifférence.

 

 

 

Une indifférence pas comme les autres…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une vache sur un port

 

 

 

Une Scène m’avait beaucoup impressionné.

 

C’était sur un super port de plaisance, avec autant de yachts, que de papiers gâtés dans les coins des matins de quatre heures.

 

 

 

Je passais admirant les œuvres d’art et de goût.

 

Un Yacht était grand ouvert (ils le sont tous, on verra pourquoi plus loin).

 

 

 

Un homme (au fond comme moi), se laissait masser le visage par une aimable assistante.

 

Un joli bikini, à rendre fou de jalousie tout homme qui est un homme.

 

 

 

 

 

 

 

Ils étaient tellement naturels et vrais, que moi, je me sentais un Cro-Magnon qui aurait été mal élevé.

 

D’autres que moi, attroupés, regardaient avec tout leur corps cette scène irréelle de peinture et de sculpture.

 

Et le couple n’était pas du tout gêné de notre insistance un peu grossière.

 

 

 

Pourquoi ?

 

 

 

 

 

 

 

Il me vint tout-à-coup cette idée lumineuse que les spectateurs c’étaient eux, et que j’aurais pu être tout nu et sale, assis à quatre pattes sur mon derrière. Rongeant mon os. Et grognant des sons inarticulés (comme d’habitude).

 

Sans qu’ils me remarquent particulièrement…

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes-vous senti gênés devant votre chat tout nu ? Ou un âne, un éléphant, une fourmi ? Devant la cage d’un zèbre ?

 

 

 

J’étais tout cela à la fois !

 

 

 

 

 

 

 

Au fond pour certains, le monde est une cage, devant laquelle passent des gens élégants, des vrais. Des dieux.

 

Help !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et s’ils nous jetaient des cacaouettes…       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PS  A moins que nous soyons des diables, et eux des anges  ?????

 

 

 

Bon Dieu !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                    * *********************

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le séjour de la félicité sera le partage des hommes vertueux. Il sera planté d'arbres et de vignes. Des filles célestes au sein arrondi et palpitant en feront l'ornement.

 

Mahomet-Le Coran